vendredi 24 août 2012

L'étrange pouvoir de Norman


ParaNorman - Etats-Unis - 2012

Genre : Animation
Réalisateur : Chris Butler et Sam Fell
Acteurs : (Voix VO) Kodi Smit-MacPhee, Anna Kendrick, Leslie Mann, John Goodman...
Musique : Jon Brion
Durée : 105 minutes
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie : 22 août 2012








Un petit garçon solitaire a le don de parler aux morts. Celui-ci va devoir sauver sa ville d'une invasion de morts-vivants.

En ces temps où les films d'animation sont souvent consensuels, il est plutôt rafraîchissant de voir un petit film respectueux du genre qu'il investit et, qui plus est, ne prend pas les spectateurs pour des cruches. L'étrange pouvoir de Norman bénéficie du savoir faire de Laika, petite firme géographiquement et artistiquement éloignée du tout venant Hollywoodien. Celle-ci faisait brillamment ses preuves il y a trois ans avec Coraline, petit bijou d'animation réalisé par Henry Selick (L'étrange Noël de Monsieur Jack). Cette carte de visite aura mis la puce à l'oreille d'Universal Pictures, qui donnera l'avale au studio pour mettre en chantier ce film rendant hommage au cinéma de genre que l'on aime.

Le début est à ce titre très éloquent puisque le jeune garçon regarde un film d'horreur usant des codes du film Grindhouse, à savoir une pellicule vieillie, des acteurs qui jouent mal, une perche qui rentre dans le champs de la caméra, etc... Cette scène contribue à introduire l'univers de Norman de manière ludique et encore peu vue jusque là dans le monde de l'animation. On pense, certes par la suite, aux précédentes réalisations d'Henry Selick et de Tim Burton ; mais le film est suffisamment original dans sa conception, dans ses rebondissements et dans sa profusion de détails qu'il se démarque aisément des ses grands frères.


Le ton du film joue constamment sur le mouvement et la folie des situations, mais les réalisateurs savent aussi relâcher la pression par l'intermédiaire de scènes au rythme parfois très étrange, parfois en rupture totale avec la frénésie des séquences précédentes. Ils prennent ainsi le temps d'exposer comme il se doit les personnages, leurs motivations et l'animation les rend tout aussi vivants, sinon plus que n'importe laquelle des productions Dreamworks ou autres grosses firmes. Le film s'en démarque aussi par son sujet et son ambiance. Même si l'humour est omniprésent mais jamais gratuit, l'univers abordé verse essentiellement dans le macabre puisqu'il est ici question de zombies, de sorcières et de fantômes. De plus, certaines scènes renvoient directement aux grandes heures du slashers des années 80 (la sonnerie du portable de Norman, le masque de hockey...) et aux films de mort-vivants de Romero, références difficilement assimilables pour des mioches sevrés à Madagascar et autres.


Fluide, ample, dynamique, doté d'une direction artistique à tomber et d'un sens du détail hallucinant,  L'étrange pouvoir de Norman est un film fait par des fans pour les fans mais reste malgré tout accessible. La firme prouve que l'on peut repousser les limites techniques et artistiques (les visages des personnages sont incroyablement expressifs, l'éclairage, fait de couleurs très vives, est vraiment bluffant) tout en restant infiniment intègre et respectueux du genre. A l'heure où le cinéma d'animation est on ne peut plus formaté et insipide, L'étrange pouvoir de Norman fait office de magnifique exception.





jeudi 2 août 2012

Rebelle


Brave - Etats-Unis - 2012
Genre : Aventure, Film d'animation
Réalisateur : Mark Andrews, Brenda Chapman
Acteurs : Emma Thompson, Robbie Coltrane, Kelly Macdonald, Billy Connolly
Musique : Patrick Doyle
Durée : 100 minutes
Distributeur : Walt Disney Pictures
Date de sortie : 1 août 2012








Merida, la fille du roi Fergus et de la reine Elinor, refuse de suivre les conventions de la cour et de devenir princesse. Éprise de liberté, elle va précipiter involontairement le royaume dans le chaos après avoir fait un voeu auprès d'une sorcière. Elle va devoir tout faire pour déjouer la malédiction qui pèse sur sa famille.
En voyant la dernière production Pixar sur grand écran, il faut bien avouer que la firme à réussit une fois de plus à repousser les limites techniques en terme d'animation. Les décors sont magnifiques, les personnages sont emprunts d'un certain photo-réalisme (il n'y qu'à voir les cheveux de l'héroïne, la texture des vêtements ou encore l'eau sur le poil des animaux pour s'en convaincre), la musique est sublime et la mise en scène,virtuose, exploite à merveille la topographie des splendides paysages écossais. Mais est-ce assez pour faire un film à la hauteur des espérances des fans de Pixar ?
La réponse est dans le cas présent, non... La faute à un script ne mettant jamais l'accent sur l'aspect épique et mythologique qu'on est en droit d'exiger d'une telle histoire. La bande-annonce était à ce titre assez prometteuse tant elle laissait entrevoir un film baignant dans une sorte d'ambiance de Dark Fantasy avec toute l'imagerie de rigueur. Le point fort de Pixar a toujours été de maintenir l'équilibre entre le fond et la forme. Pour certaines production de la firme, la technique n'est jamais mise en avant par rapport à l'intrigue mais la sert plus qu'autre chose. Rebelle, c'est malheureusement l'inverse...
Le film est quand même assez rythmé grâce à une mise en scène fluide et dynamique. L'histoire reste cependant assez peu ambitieuse et demeure très linéaire dans son déroulement par rapport à d'autres production Pixar. Les réalisateurs ont préféré se concentrer sur l'urgence du récit et les pitreries de certains personnages au détriment de la profondeur du propos. L'humour est en effet omniprésent et vient en partie parasiter l'aspect émotionnel de certaines scènes.

Rebelle n'est pas un mauvais film pour autant et peut se suivre sans problème pour peu que l'on fasse abstraction de la simplicité de l'intrigue. Bien que techniquement exceptionnel, le long métrage est assez mineur et ne renoue jamais avec la complexité narrative et émotionnelle dont faisaient preuve des chefs-d'oeuvre tels que Wall-e et Là-haut. Il s'avère donc au final relativement anecdotique. Gageons qu'il en sera autrement pour le prochain !