samedi 29 décembre 2012

4h44 Dernier jour sur terre

4:44 Last day on earth - Etats-Unis / Suisse / France - 2011






Genre : Drame
Réalisateur : Abel Ferrara
Acteurs : Avec Willem Dafoe, Shanyn Leigh, Natasha Lyonne, Paul Hipp...
Musique : Francis Kuipers
Durée : 82 minutes
Distributeur : Capricci Pictures
Date de sortie : 19 décembre 2012









Cisco et Skye s'apprête à vivre leur dernier journée ensemble. Demain, à 4h44, le monde aura disparu.

Prophétie mayas oblige, 4h44 dernier jour sur terre arrive à point nommé. Après des films comme Armageddon, 2012 ou encore Melancholia plus récemment, le thème est on ne peut plus à la mode. La fin du monde s'avère donc est un sujet en or pour un réalisateur de cette trempe. Immense cinéaste à qui l'on doit des chefs-d'oeuvre tels que Nos funérailles, The king of New York et Bad lieutenant, Abel Ferrara décide de traiter son sujet de manière intimiste, à l'échelle d'un quartier chaud de la grosse pomme. L'ambiance est plutôt détendue malgré l'approche imminente de la catastrophe. Les gens semblent résignés, presque amorphes, ne réalisant presque pas ce qu'il va leur arriver. Cisco verra tout de même un homme se jeter d'un immeuble pour mettre fin à ses jours, mais au-delà de ça, presque tout le monde accepte son sort. Un présentateur de journal télévisé appliquera même la sentence à des millions de téléspectateurs de manière froide et presque détachée.


Ce détachement par rapport aux choses donne un aspect étrange au film et nous rappelle à juste titre que nous sommes bien dans un film de Ferrara. L'apocalypse se fait plus psychologique qu'autre chose. Le malaise et palpable. La mise en scène resserrée sur une poignée de protagonistes nous fait ressentir leur état d'esprit avant le moment fatidique. Il y a bien un pseudo discours écologique et religieux - en témoigne les nombreux stocks shots venant émailler l'univers mental de Cisco et Skye - mais celui-ci n'est jamais ostentatoire.


4h44 Dernier jour sur terre est un drame humain bouleversant sur des quidams auxquels on s'identifie instantanément. Le film ne verse pas pour autant dans le pathos et le nihilisme à outrance, ce qui pourrait être malheureusement le cas dans ce genre de production - mais on est chez Ferrara, ne l'oublions pas. Au final, la grande force du film réside dans le fait que le drame imminent est vécu essentiellement à travers les yeux d'un couple. Ce qui occasionne des scènes très crédibles comme les étreintes amoureuses entre les deux personnages, les adieux faits aux proches via la webcam, les scènes de danse... Bref des séquences solennels et poignantes pour un beau film qui donne autant à ressentir que réfléchir.


jeudi 27 décembre 2012

La servante


Hanyo - 1960





Genre : Drame, thriller
Réalisateur : Kim Ki-young
Acteurs : Avec Anh Seong-gi, Ju Jeung-ryu, Kang Seok-ge, Kim Jin-kyu...
Musique : Han Sang-ki
Durée : 108 minutes
Distributeur : Carlotta Films
Date de sortie : 19 décembre 2012










Très peu connu en Europe, Kim Ki-young est un cinéaste pourtant cité comme influence majeure par bon nombre de jeunes cinéastes sud-coréens. En France, une rétrospective lui a été consacrée par la cinémathèque en 2006. Cette dernière a proposé pas moins de 18 films du réalisateur. La servante, film de 1960, a fait l'objet d'un remake en 2010 réalisé par Im Sang-soo et a récemment été édité chez Carlotta. 





Le film raconte comment une jeune servante va s’immiscer dans la vie d'un couple et finir par séduire le mari. Cette situation va rapidement dégénérer et prendre des proportions dramatiques. Avec ce film, Kim Ki-young s'attaque à un sujet délicat : la famille. Dans l'introduction, le personnage de la femme ira jusqu'à dire que celle-ci est sacrée. Et le cinéaste de s'appliquer à détruire progressivement la cellule familiale et ses valeurs via le personnage d'une servante particulièrement vicieuse. Au départ à la limite de l'autisme, la jeune fille va devenir peu à peu un monstre manipulant son entourage.





Oeuvre très en avance sur son temps, La servante est un mélange de film d'auteur et d'épouvante dans sa façon d'aborder son intrigue et ses personnages. La mise en scène aux cadrages alambiqués, l'ambiance de film d'horreur, pluie battante et orage à l'appui, et la musique emphatique participent à l'hystérie générale du film. Certaines séquences sont même à la limite du too much mais servent à illustrer le propos jusqu'au boutiste du réalisateur, dénonçant le patriarcat régissant alors la société sud-coréenne. Réalisé en plein "âge d'or" du cinéma coréen, La servante est un film très noir, radical et se révèle être d'une ironie mordante sur sa fin. Le cinéaste met à mal la famille coréenne et ce par le truchement du film de genre. Autant dire que ce huis-clos étouffant a du être un véritable choc pour les spectateurs à l'époque de sa sortie.

Niveau suppléments, Carlotta nous propose une longue interview de nombreux auteurs actuels, dont Im Sang-soo, Park Chan-wook et Kim Jee-won. Ceux-ci reviennent sur le fait que le cinéaste a été une immense source d'inspiration pour eux. Un autre supplément nous fait part de l'énorme travail abattu pour la restauration du film, en partie financée par la World Cinema Foundation, dont le grand Martin Scorcese est le fondateur et président.

dimanche 9 décembre 2012

Célestine, bonne à tout faire


France - 1974








Genre : Comédie érotique
Réalisateur : Jesus Franco
Acteurs : Avec Lina Romay, Howard Vernon, Pamela Stanford, Olivier Mathot…
Musique : Paul de Senneville – Olivier Toussaint
Durée : 94 minutes
Distributeur : Artus Films
Date de sortie : 4 décembre 2012








Forcée de fuir sa maison close, Célestine, une jeune pensionnaire, trouve refuge dans une grande demeure. Elle se fait bientôt engagée comme bonne à tout faire d'un genre très particulier...




Après trois films plus en phase avec ses obsessions, Jess Franco réalise une commande très librement inspirée du journal d'une femme de chambre de Octave Mirbeau. Toujours à l'initiative du producteur Robert de Nesle, le cinéaste signe une oeuvre plus légère qu'à l'accoutumé. Le sexe y fait bon ménage avec la comédie et l'ambiance générale se fait joyeuse. Ce qui contraste fortement avec ses précédents longs métrages dans lesquels Eros et Thanatos ne font qu'un. Ici, pas de masochisme, de torture et autres éléments qui font en général tout le sel du cinéma de Franco. Tout respire au contraire la vie et la bonne humeur dans ce vaudeville érotique. Ce ton si particulier on le doit à la magnifique Lina Romay, excellente en bonne à tout faire, prête à coucher avec toute la maisonnée pour rendre tout le monde heureux. Howard Vernon et Richard Bigotini composent des personnages vraiment hilarants et le reste du casting n'est pas en reste. 




Même si Célestine, bonne à tout faire n'est pas du grand cinéma et reste furieusement bis, il n'en demeure pas moins une oeuvre pétillante et rythmée qui ravira les inconditionnels du cinéma érotique. Concernant les suppléments, le journaliste Jean-Pierre Bouyxou, qui joue un petit rôle dans le film, revient sur le film et les rapports si particuliers qu'entretenait Jess Franco avec sa muse, Lina Romay.


samedi 8 décembre 2012

La comtesse perverse


France – 1974







Genre : Thriller
Réalisateur : Jesus Franco
Acteurs : Lina Romay, Alice Arno, Howard Vernon, Tania Busselier
Musique : Olivier Bernard, Jean-Bernard Raiteux
Durée : 72 minutes
Distributeur : Artus Films
Date de sortie : 4 décembre 2012








L'intrigue prend place sur une île privée sur laquelle la comtesse Ivana Zaroff s'adonne avec son mari, le comte Rador Zaroff, à des moeurs pour le moins étranges : ils invitent des jeunes filles à passer la nuit chez eux afin des les initier à des expériences érotiques. Le lendemain, les infortunées servent de gibier au couple et sont dévorées après avoir été tuées par la comtesse...




Troisième film de la collection Jess Franco, La comtesse perverse est une variation érotique du célèbre film Les chasses du comte Zaroff. Le réalisateur va même jusqu'à attribuer le nom aux deux protagonistes principaux. C'est dire si l'oeuvre de Ernest B. Schoedsack a exercé une influence considérable sur le réalisateur. Toujours sous la houlette du producteur Robert de Nesle et avec un budget on ne peut plus étriqué, Franco réalise ce film dans la foulée de Plaisir à 3, allant même jusqu'à filmer des plans pendant le tournage de ce dernier. En gros, le cinéaste réalise deux films pour le prix d'un ! Méthode très bizarre il va s'en dire mais permettant à Franco de gagner du temps et de sortir le film la même année.




On retrouve toujours les obsessions de ce cher Franco à travers une histoire déviante à souhait, mêlant sexe et violence. Quelques plans au grand angle forcent les perspectives d'une bâtisse déjà bien étrange dans laquelle se déroule des moeurs qui ne le sont pas moins. Comme d'habitude chez le réalisateur, le fond est intéressant. En revanche, pour ce qui est de la mise en scène, c'est une autre chose. Bien que possédant une belle photographie, le long métrage n'est guère original dans sa forme et est cousu de fil blanc. Certes, Franco confirme encore et toujours son statut de cinéaste borderline, mais il n'arrive pas à véritablement transcender un budget restreint, malgré un soin évident attribué à l'image. Subsistes quelques séquences intéressantes comme celles du couple en train de démembrer une proie, tandis qu'ils édictent le sort d'une autre victime assistant à leurs forfaits ou encore cette chasse au rythme d'une musique endiablée.

Côté suppléments, le directeur de la Cinémathèque, Jean-François Rauger, revient avec passion sur le film et Franco en général. Un autre supplément propose une vingtaine de minutes de scènes additionnelles relativement hard destinées au remontage du film renommé Les croqueuses

vendredi 7 décembre 2012

Plaisir à 3


France – 1974



Genre : Thriller
Réalisateur : Jesus Franco
Acteurs : Avec Alice Arno, Lina Romay, Howard Vernon, Tania Busselier, Alfred Baillou
Musique : Robert Hermel, Daniel Janin
Durée : 83 minutes
Distributeur : Artus Films
Date de sortie : 4 décembre 2012











Sortie de clinique psychiatrique après un an d'internement, Martine de Bressard, va pouvoir de nouveau reprendre ses habitudes perverses et morbides avec son mari Charles et sa jeune esclave sourde Adèle...




Inspiré des écrits du Marquis de Sade, Plaisir à 3 est l'occasion pour Franco d'adapter l'un de ses écrivains de chevet. A l'initiative du producteur aventurier Robert de Nesle, à qui l'on doit le Judex de Franju ou encore des films de Freda, le film renoue avec la veine masochiste et macabre de Venus in furs de manière plus extrême. Ce dernier se faisait plus évasif, onirique et abstrait. Le présent film joue à fond la carte du voyeurisme, dialogues salaces à l'appui. Bien que les deux films se rejoignent via certaines thématiques, il n'en demeure pas moins deux oeuvres diamétralement opposées. Sans tomber systématiquement dans le porno, Franco n'hésite pas à filmer ses actrices dans des ébats collectifs ou solitaires et ce pendant ce qui semble être parfois une éternité. 





Ces longues digressions érotiques font office de remplissage mais sont bien la marque de fabrique de Franco. Bien que ces scènes soient plus ou moins le principal intérêt du film, le cinéaste brosse une intrigue au final assez pernicieuse et cruelle. Le jeu des acteurs est certes à l'avenant, l'histoire et la mise en scène ne sont pas des plus originales mais Franco avait au moins le mérite de réaliser des oeuvres au gré de ses obsessions les plus subversives, quelque soit la qualité de la plupart de ses films. Niveau suppléments, Alain Petit revient sur sa participation au film en tant que scénariste et désavoue même à demi mot certains choix artistiques de Franco.


jeudi 6 décembre 2012

Venus in furs


Paroxismus - GB/RFA/Italie – 1969









Genre : Fantastique
Réalisateur : Jesus Franco
Acteurs : Avec Maria Rohm, Klaus Kinski, James Darren, Margaret Lee…
Musique : Mike Hugg
Durée : 82 minutes
Distributeur : Artus Films
Date de sortie : 4 décembre 2012







Afin d'inaugurer sa collection Jess Franco, Artus Films met les petits plats dans les grands en nous proposant un de ses long métrages les plus intéressant esthétiquement parlant. Venus in furs a été tourné en anglais et produit par Harry Alan Towers d'après le roman de Sacher-Masoch, écrivain chantre du masochisme. Les trois autres films de la collection, on le verra par la suite, sont des productions françaises. Celui-ci est indéniablement le plus réussit des quatre.


Le film prend pour point de départ la découverte du corps sans vie d'une jeune femme sur  la plage. Le cadavre en question est celui d'une fille ayant été violée, torturée et tuée par trois pervers. Un flashback nous montre le forfait en question auquel prend part bien malgré lui le héros musicien. Cette découverte macabre va peu à peu le faire sombrer dans la folie et il fantasmera même une liaison avec la défunte tandis que le fantôme de la jeune femme reviendra se venger de ses bourreaux.


Étrange, le film l'est à bien des égards. Inspiré d'une anecdote du célèbre jazzman Chet Baker, parlant des mondes imaginaires dans lesquels il entre lors de ses solos, Venus in furs décrit la lente descente aux enfers d'un musicien obsédé par un fantôme revanchard incarné par la magnifique et inquiétante Maria Rohm, qui jouera dans d'autres films de Franco. Avec très peu de dialogues, une musique omniprésente et une atmosphère anxiogène, Franco signe un film expérimental en diable usant de ralentis et d'effets de filtres en tout genre, un film Lynchien avant l'heure ne se livrant pas à la première vision. Cette oeuvre se vit comme une sorte de cauchemar éveillé. La mise en scène confirme cet état de fait. En effet, les apparitions de la fille assassinée se font la plupart du temps via le reflet des miroirs, ou du moins le découpage semble nous le faire croire. Ce qui amène à penser que celle-ci n'est qu'une projection de la culpabilité de ses tortionnaires. Culpabilité qui les amènera inévitablement à la mort. 

Côté suppléments, Alain Petit, spécialiste de Franco, revient sur le choc qu'a été Venus in furs lors de sa découverte en salle en 1969 dans un entretien revenant sur la genèse du film. Un autre bonus propose des extraits du montage italien (intitulé Paroxismus), hélas de très mauvaise qualité.

mercredi 5 décembre 2012

Ogroff


Mad Mutilator - France – 1983







Genre : Horreur
Réalisateur : Norbert Moutier
Acteurs : Howard Vernon, Françoise Deniel, Pierre Pattin, Alain Petit…
Musique : Jean Richard
Durée : 87 minutes
Distributeur : Artus Films
Date de sortie : 4 décembre 2012











Ogroff, c'est avant tout un film fait par un passionné nommé Norbert Moutier. Il était à l'époque actif dans le milieu fantastique en tant que fanzineux. Voulant réaliser son rêve de faire du cinéma de genre, Moutier décide de monter avec ses propres économies un film de psychokiller dégénéré prenant place près d'Orléans avec une bande de potes, dont le grand Jean-Pierre Putters, fondateur de Mad Movies.




Si l'effort de monter un tel projet surtout à cette époque est louable (d'autant plus que Moutier peut se targuer d'avoir fait le premier slasher français), le résultat l'est nettement moins. Réalisé en 8 mm, le film est bourré de faux raccords, les effets spéciaux sont très approximatifs, les acteurs sont pour la plupart très mauvais... Bref, Ogroff est, n'ayons pas peur des mots, un nanard. Certes, c'est fait avec les moyens du bord mais un minimum de savoir faire niveau mise en scène et montage n'aurait pas été de trop car le tout s'avère effroyablement mal rythmé. Reste une musique relativement convaincante et une ambiance par moment malsaine qui rendent compte de l'amour de Moutier pour le genre. Il n'y a qu'à voir la scène ou le héros se masturbe avec sa hache sur son lit. Tout un programme ! 




A côté de cela, Moutier se permet des incursions dans le fantastique avec une invasion de zombies incongrue et l'intervention inopinée d'un vampire au dernier tiers, ce qui donne un aspect fourre-tout au film. Même si Ogroff est ce qu'il est, impossible de remettre en doute la sincérité dont fait preuve le cinéaste tant celui-ci avait à coeur de  réaliser une oeuvre de fan pour les fans, qui plus est sérieuse. Projeté au festival de courts-métrages 8 mm organisé par Mad Movies en 1983, le long métrage n'a pas eu l'effet escompté et a bien fait rire les festivaliers, au grand dam de Moutier qui ne s'attendait pas à de telles réactions.

Niveau bonus, Moutier revient sur l'expérience qu'a été pour lui Ogroff. Un autre supplément donne la parole aux interprètes des zombies. Des journalistes tels que Christophe Lemaire, François Cognard ou encore Alain Petit reviennent avec nostalgie et humour sur leur participation au film. 


mercredi 7 novembre 2012

Le festin de Babette


 Babettes Gæstebud - Danemark - 1987





Genre : Drame
Réalisateur : Gabriel Axel
Acteurs : Avec Stéphane Audran, Bodil Kjer, Birgitte Federspiel, Jarl Kulle...
Musique : Per Nørgård
Durée : 102 minutes
Distributeur : Carlotta Films
Date de sortie : 5 novembre 2012










Le festin de Babette est avant tout un film que personne n'attendait. Récompensé par un Oscar et succès populaire à son époque, le film est devenu culte. Il est donc logique qu'un éditeur aussi prestigieux que Carlotta le ressorte aujourd'hui en DVD et Blu-ray. D'autant plus que la magnifique photographie, éclairée quasi-exclusivement à la bougie, se prête, à priori, à merveille au support HD. Malheureusement, le film ici testé est la version DVD. Ce qui ne nous empêchera pas pour autant d'apprécier la beauté plastique du film.





Adapté d'un roman de la danoise Karen Blixen, le festin de Babette est l’œuvre de Gabriel Axel, réalisateur de même nationalité ayant passé la majeure partie de sa vie en France. Il était encore peu connu du grand publique à l'époque, malgré un CV bien fourni. Il nous compte dans ce film la vie de deux sœurs accueillant sous leur toit une cuisinière française. Celle-ci fuit une guerre civile en France et arrive sur recommandation d'un ami chanteur d'opéra, qui a jadis bien connu les deux femmes. Une grosse ellipse nous la montre 15 ans plus tard toujours aux services de ces deux dames. Babette reçoit un jour une heureuse nouvelle : elle a gagné une somme conséquente à la loterie en France. Elle décide alors d'utiliser ses gains pour remercier à sa manière ses deux bienfaitrices.





Le film prend son temps pour installer son histoire et choisit le décors désolé d'un petit village reclus en pleine campagne danoise. Le cadre n'est pas un hasard puisqu'il stigmatise la dévotion dont font preuve les deux sœurs et le reste des villageois à Dieu. Le village est défini comme un microcosme où la moindre tentation est refoulée par la rigidité d'une éducation religieuse. Le fameux festin en question, véritable tour de force culinaire, arrivera de manière amusante à fédérer deux courants de pensé jusque là opposés et va raviver la flamme amoureuse de deux personnes s'étant quitté bien des années plus tôt. Admirablement réalisé et d'un classicisme à toute épreuve, le festin de Babette entremêle avec subtilité intrigues sentimentales et grande histoire tout en nous mettant l'eau à la bouche.

Côté suppléments, Stéphane Audran, l'interprète de Babette, revient sur sa collaboration avec Gabriel Axel et nous fait part d'anecdotes intéressantes sur le tournage.

vendredi 5 octobre 2012

Le château des messes noires


Der Fluch der schwarzen Schwestern - Allemagne/Suisse/Suède – 1973






Genre : Epouvante/ érotique
Réalisateur : Joseph Sarno
Acteurs : Avec Nadia Henkowa, Anke Syring, Ulrike Butz, Flavia Keyt…
Musique : Rolf-Hans Müller
Durée : 98 minutes
Distributeur : Artus films
Date de sortie : 2 octobre 2012









L'intrigue prend place dans une immense battisse, laquelle est dirigée avec une main de fer par une inquiétante gouvernante. Des jeunes filles viennent y récupérer le fruit d'un héritage tandis qu'un homme et sa sœur arrivent par accident dans cette demeure. Il découvriront à leurs dépens que celle-ci abrite des rituels visant à réveiller un vampire mort il y a de cela 300 ans.




Avec le château des messes noires, l'américain Joe Sarno s'essaye au film érotique teinté de fantastique gothique. Dès les premiers plans de cette production bavaroise, le spectateur est immédiatement mis dans le bain : Sarno s'évertuera tout du long à filmer des femmes dans leur plus simple appareil s'adonnant à des étreintes saphiques et ce pour le plus grand plaisir de l'érotomane avertit. D'ailleurs, le côté érotique est bien ce qu'il y a de plus intéressant dans le film tant Sarno met celui-ci en avant au détriment du fantastique qui est censé être le canevas principal du film. Dès lors, le film est à l'avenant. La mise en scène est un peu plate hormis quelques scènes saisissantes en claire obscures, la construction narrative très elliptique est on ne peut plus approximative et le tout n'est pas très soutenu en terme de rythme. Il faut dire que le film se passe en grande partie dans le château. Les acteurs font ce qu'il peuvent et il n'y aura que la magnifique Marie Forsa qui se détachera réellement du lot d'actrices venues essentiellement du cinéma érotique allemand.


Même si le film est, avouons-le, très agréable à regarder, force est de constater que tout n'est que prétexte à des scènes olé olé. Ce qui n'est pas pour déplaire mais on aurait aimé un peu plus d'équilibre entre le fantastique et l'érotisme. En l'état, le château des messes noires reste une curiosité recommandable pour les amateurs du genre.

Le film est proposé en format 1.77. Niveau suppléments, on a le droit à un entretien intéressant et érudit de Emmanuel Levaufre, spécialiste de Sarno et du cinéma érotique.

mercredi 5 septembre 2012

Killer Joe

Etats-Unis - 2012




Genre : Thriller
Réalisateur : William Friedkin
Acteurs : Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple, Thomas Haden Church, Gina Gershon
Musique : Tyler Bates
Durée : 102 minutes
Distributeur : Pyramide Distribution
Date de sortie : 5 septembre 2012 








Chris, un jeune dealer, doit trouver 6000 dollars sous peine de se faire trouer la peau. Une idée lui vient : celle de tuer son affreuse mère pour toucher son assurance vie de 50 000 dollars. Il fait part de cette idée à son père, qui s'est remarié depuis, et fait appel à Killer Joe Cooper, un flic, tueur à ses heures perdues...
Killer Joe marque le grand retour de William Friedkin derrière la caméra, cinq ans après l'incroyable Bug. On lui doit notamment des monuments tels que French ConnectionL'exorcistele convoi de la peur ou encore Police Fédérale Los Angeles. Bref, des films ayant marqué l'inconscient de nombreux cinéphiles de manière indélébile. Friedkin faisait partie, avec Coppola, Scorcese ou encore Spielberg, de ce qu'on appelle "Le Nouvel Hollywood", période où le cinéma était synonyme de liberté artistique totale. A cette époque, s'en était fini des trames classiques, des bons sentiments et des happy ends. Ce que ces cinéastes voulaient, c'était de l'authenticité, du réalisme (ce n'est pas pour rien que Friedkin vient du documentaire).
Si certains se sont assagis  avec le temps, ce n'est absolument pas le cas de Willy le dingue (surnom qu'on lui donnait dans les années 70 à cause de ses accès de colères impressionnants sur les tournages de ses films). Friedkin n'a jamais cherché à brosser le spectateur dans le sens du poil durant toute sa carrière. Ses films sont en général d'une grande noirceur, les personnages qu'il dépeint sont toujours moralement ambigus et on ne distingue parfois plus le bien du mal.
Killer Joe prouve une fois de plus que le cinéaste, à pourtant 77 ans, n'a pas mis d'eau dans son vin. En signant l'adaptation d'une pièce de théâtre de Tracy Letts (celui-ci est déjà l'auteur de la pièce qui a inspiré le précédent film du cinéaste, bug), Friedkin nous assène une mandale cinématographique en pleine gueule. Il continue à dépeindre des personnages amoraux, prisonniers de leur misérable condition et prêts à tout, quitte à buter un membre de leur famille, pour pouvoir empocher une somme coquette qui, une fois partagée entre le tueur et ceux qui l'on engagé, s'avère bien ridicule. Et le réalisateur de regarder impitoyablement les protagonistes de son histoire s'enfoncer dans une merde noire.
L'autre point fort du film, c'est son aspect surréaliste. Non pas que le film soit fantastique, mais il possède une atmosphère, par certains aspects, onirique. Preuve en est avec cette scène d'introduction sous une pluie battante et un orage tonitruant, donnant une impression étrange. La scène en question traduit, en un sens, les tourments des personnages et annonce la folie qui va contaminer tout le long métrage jusqu'à culminer dans un huis-clos étouffant et violent, qui restera à coup sur dans les mémoires.
Pour ce qui est du casting, rien à dire. Le rôle d'Emile Hirsch est aux antipodes de celui d'Into the wild, Juno Temple (Mr Nobody) est une actrice vraiment talentueuse et n'hésite pas à prendre des risques, Gina Gershon (Bound) est géniale en MILF vénale et Thomas Haden Church (Spiderman 3) en impose en redneck dépassé par les évènements. Mais la palme revient sans conteste à Matthew McConaughey (La défense Lincoln), qui incarne un Killer Joe proprement terrifiant. Rompant définitivement avec son image de beau gosse habitué aux bluettes, l'acteur livre une prestation toute en perversité, brutalité et raffinement. Sans doute à l'image d'un cinéaste n'hésitant pas à parler, non sans humour, de ses congénères avec toute la violence et la crudité qu'on lui connait. Friedkin is back !